LES BUNKERS

L’école nous apprend à être ignorants.

Savais-tu que la matière avec laquelle j’avais le plus de difficulté à l’école était le français?

J’étais absolument incapable de me rappeler de l’orthographe des mots et j’avais constamment 30 ou 40% dans mes dictées.

Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui, la grande majorité de mes revenus proviennent de mon écriture.

À première vue, on peut se dire « Wow, il a vraiment du se forcer à l’école et c’est pour ça qu’il est devenu pas pire! » Mais je vais te faire une confession : je ne sais pas écrire 25% des mots que j’écris et je suis à peine meilleur que ce que j’étais au secondaire.

WOW. Comment est-ce que je fais pour vivre en tant que blogueur si mon français est absolument pourri?

Eh bien j’ai un petit guguss que j’installe sur mon ordinateur qui s’appelle « Antidote ». Cette patente-là me permet de cliquer sur un bouton et ça souligne tous les mots que j’ai mal écrits. Le plus beau, c’est que j’ai juste à double cliquer les mots pour que ça se corrige tout seul!

Quand j’étais au secondaire, j’étais convaincu que j’étais poche et que je n’avais aucun talent. Mes profs me faisaient sentir mal parce que j’ignorais combien de « n » ou de « f » prennent le mot : « professionnel ».

Pourtant, j’adorais écrire! J’écrivais des scripts pour des clips 2D que je créais avec des amis sur Newgrounds, et parfois, je me surprenais même à écrire de la poésie!

Malgré mon amour pour la création de contenus, j’ai été élevé en croyant que jamais je n’aurais ce qu’il faut pour en faire mon métier.

Si cette histoire ne t’évoque aucun souvenir, alors c’est parce que tu n’y penses pas assez fort.

Je ne veux pas dire que nos profs étaient méchants et qu’ils méritent d’être lynchés. Je veux simplement dire que le système est brisé, et ce, puisqu’il inculque ces deux idées aux jeunes :

  1. Si j’ignore quelque chose, c’est parce que je suis niaiseux.
  2. Le professeur et la salle de classe sont les seuls endroits où aller chercher de l’information valide.

L’importance des notes

L’être humain a tendance à obséder sur les métriques de performances. On pourrait argumenter que ça vient de l’école (à cause des notes), mais je pense que c’est notre simple nature humaine.

Quand on fait un site web, on regarde notre trafic. Quand on publie sur Facebook, on regarde nos « j’aime ». Quand on est avocat, on regarde notre compte en banque. Bref, peu importe ce qu’on fait, on a besoin de mettre un chiffre sur un piédestal et de s’en servir comme mesure de succès dans la vie.

Peu importe notre mesure de succès, on va l’imposer aux autres en les jugeant. « Check Julie, elle a juste 10 likes sur sa dernière photo de profil… Moi j’en ai 100! »

L’école fait pareil avec les notes.

Je n’ai absolument rien contre les notes et je trouve même que c’est une bonne chose! Julie a RÉELLEMENT 10 « j’aime » sur sa photo de profil et ignorer ce fait revient à se mettre la tête dans le sable!

Cependant, est-ce que ça veut dire qu’elle est conne et qu’elle mérite le mépris? Absolument pas! Les mentions « j’aime » représentent une métrique de vanité très difficile à interpréter.

Où je veux en venir avec ça, c’est que l’école juge les enfants et les encourage à se juger eux-mêmes en fonction de fausses métriques.

Pourquoi des fausses métriques? Parce qu’on essaie de standardiser les élèves en les évaluant dans un contexte très improbable (voir absurde).

Pour vous le prouver, je vais comparer la vraie vie avec l’école.

Disons que, pour une raison mystérieuse, tu te fais demander quelle est la structure atomique de l’hélium…

À l’école : On te pose la question lors d’un examen. Si tu ignores la réponse, on t’enlève des points et ça baisse ton score, la métrique sur laquelle repose une partie de ton estime personnelle.

Au travail : Ton patron te pose la question, sur quoi tu as trois options.

  • Tu sors ton téléphone et tu dis « Ok Google, qu’elle est la composition atomique de l’hélium. »
  • Tu lui réponds : « C’est quoi cette question niaiseuse là? »
  • Tu lui envoies ce lien par courriel.

Dans la vraie vie, on n’a pas besoin d’apprendre la composition atomique de l’hélium et on n’a pas besoin de se rappeler de l’orthographe des mots parce qu’on s’est doté d’outils pour le faire à notre place.

Au même titre qu’on ne devrait pas s’attendre à ce qu’un mécanicien répare ta voiture avec ses mains, on ne devrait pas s’attendre à ce que nos élèves résolvent de problèmes sans Google!

Sans outils, le mécano est juste un dude plein d’huile dans un garage. Il sert à rien.

Quand la calculatrice est arrivée, ça a fait toute une tôlée dans le monde de l’éducation parce qu’on se demandait si on devait laisser les élèves s’en servir.

Ceux qui chialaient croyaient que ça allait rendre les élèves cons parce qu’ils ne sauraient plus comment calculer mentalement.

Eh bien vous savez quoi? Non seulement les élèvent savent comment calculer, mais ils atteignent plus de complexité plus rapidement.

La calculatrice est un premier pas, mais c’est quand même insuffisant.

Ça revient à donner les matériels de base pour faire un wrench à ton mécanicien et l’évaluer sur sa capacité à faire un wrench au lieu de changer ton tire.

Même s’il a 100%, ça fait pas de lui quelqu’un qui est capable de bien serrer tes notes après avoir changé tes pneus (grrrrr)!

En limitant les outils, on met l’emphase sur le « quoi » (faire un wrench). En d’autres mots, le but de l’examen devient de savoir comment calculer la circonférence d’un cercle.

Mais si les élèvent pouvaient utiliser Google ou Wikipedia, ils n’auraient pas à mémoriser de formules et on pourrait mettre l’emphase sur le « pourquoi » (changer le pneu).

La conséquence ne sera pas une génération de jeunes qui ne sait pas calculer l’aire d’un cercle, mais plutôt une génération de jeunes qui savent comment utiliser Google comme du monde!

L’école devrait apprendre aux gens à apprendre.

Ce qui m’amène à parler de mon deuxième point : l’école nous apprend qu’il est nécessaire d’avoir un professeur pour apprendre.

Aujourd’hui, n’importe quel kid qui a un iPhone a accès à plus d’informations que Bill Clinton lorsqu’il était président.

Ça veut donc dire que la petite fille de 12 ans peut trouver des points de vue légitimes qui entrent en conflit avec ce qu’elle se fait montrer dans ses cours.

Et ça, pour un professeur, ça fait peur.

Je compare un peu le rôle des professeurs avec le rôle des vendeurs d’autos.

Back then, quand on voulait acheter une voiture, il fallait malheureusement se fier sur le bon jugement de notre vendeur de voitures. C’était le seul à connaître les particularités de chaque modèle! Cette inégalité d’information nous mettait à la merci du bon jugement de l’individu.

Aujourd’hui, si on est moindrement geek et qu’on fait nos recherches avant de magasiner, c’est pas rare qu’on en sache plus sur la voiture qu’on veut que le vendeur qui nous conseille.

Le rôle du vendeur est passé de gatekeeper de l’information à facilitateur de transaction. Et c’est exactement la même chose qui se passe avec les professeurs.

Ils ne sont plus les gardiens de la connaissance. Le problème, c’est que notre système fait encore comme si.

Au stade où on en est, le rôle d’un professeur devrait être d’apprendre aux jeunes comment apprendre — ils devraient enseigner à être autodidacte.

Le cauchemar de tous les geeks

« Olivier, mes speakers marchent plus, peux-tu checker ce qui se passe? Mon imprimante marche plus, veux-tu m’aider? Comment t’as fait pour faire un fichier PDF? »

À cause de la façon qu’on est éduqué, le premier réflexe que les gens ont face à un problème est de chercher quelqu’un qui a la solution — ils cherchent un professeur.

Le problème dans cette équation, c’est que le professeur tiens son information de quelque part…

Si c’est la seule personne à avoir accès à cette source d’information, alors ça fait tout son sens de lui demander de l’aide!

Mais si ce « professeur » a accès à exactement les MÊMES sources d’informations que toi, alors lui demander de l’aide projette deux choses :

  1. Un manque de respect et de considération pour son temps.
  2. BEAUCOUP de paresse.

Si tu ignores la réponse à une question, ton premier réflexe DOIT être de sortir ton téléphone et d’aller voir sur Google.

Mais si c’est un manque de respect d’accaparer les gens avec des questions niaiseuses, alors pourquoi est-ce qu’on encourage ce comportement?

« Il n’y a pas de questions niaiseuses, il y a juste des réponses niaiseuses! »

Lorsqu’on pose une question, on sous-entend qu’on pense que l’autre personne connaît la réponse, sinon on ne lui demanderait pas! Ça envoie le message « je pense que tu es intelligent », ce qui 1) flatte l’égo de l’autre personne et 2) lui met une pression de répondre à cette attente.

Donc si on encourage à poser des questions niaiseuses, c’est parce qu’on aime ça se sentir intelligent quand on y répond (pis qu’on se sent niaiseux de répondre à la personne d’aller voir sur les z’Internet).

Voici la solution au problème

Truc marketing : plus on définit un problème en détail, plus les gens vont croire qu’on a la réponse!

Malheureusement, je n’ai pas la réponse à ce problème. Par contre, je suis absolument convaincu qu’on doit revoir la façon qu’on éduque nos jeunes.

Je pense que pour trouver la solution, on devrait arrêter de standardiser le système et faciliter l’innovation dans nos méthodes d’enseignement.

Il faut que les écoles puissent proposer des méthodes pédagogiques radicalement différentes. Puisqu’on ignore la solution, il faut utiliser la méthode du spaghetti. On en lance une poignée contre le mur, et on regarde ce qui colle.

Malheureusement, c’est impossible à l’heure actuelle à cause du ministère de l’Éducation qui impose à tout le monde le même bout de spaghetti.

J’ai de la misère à trouver une conclusion qui a du sens sans m’emporter alors je vais vous laisser là-dessus.

Est-ce que je suis fou? Prends 2 secondes et dis-moi ce que tu en penses dans les commentaires!

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